Histoire #1 - épisode 1
Dernière mise à jour : 12 avr.
Nous sommes début janvier. Cette première semaine coincée entre les fêtes de fin d’année et la galette des rois. C’est une avalanche de messages de bonne année et je t’avoue que j’ai un peu de mal à me sentir synchro. Moi j’ai trouvé ma formule, je ne m’avance pas trop, je souhaite à chacun la meilleure année possible. A commencer pour moi !

Et c’est ce à quoi je m’emploie en faisant défiler les profils sur Meetic. Je regarde mes nouveaux likes. Une photo attire ma curiosité. Un visage de profil derrière une vitre de voiture que je devine être une 2CV. Quelques rides, des cheveux blancs, un regard décidé. Ce que je vois me plait, et tant mieux car c’est la seule photo que cet homme a choisi de mettre sur son profil.
Tu ne trouves pas ça étonnant, voire louche, le fait de s’inscrire sur Meetic et de ne pas mettre de photo ? Ou bien des photos sur lesquelles on ne voit rien ? Ou bien des photos d’il y a 10 ans ? Véridique ça m’est arrivé une fois … j’ai bien failli ne pas reconnaître l’homme qui est venu me rejoindre à ma table ce soir-là dans le bar à vin où nous avions rendez-vous. Ça commençait mal. Ça s’est arrêté à la sortie du bar. Comment faire confiance sur une telle base ? Et puis, de toi à moi, c’est l’homme des photos qui me plaisait, pas celui avec 10 ans et 10 kilos de plus ... alors, comme dirait mon amie Pauline : Next !
En y prêtant attention, il y a parfois beaucoup d’informations dans un profil peu ou mal renseigné. Des informations à lire entre les lignes, à deviner dans le flou des photos. La pudeur, le manque de confiance, ou bien la duplicité ou l’homme marié -sic-. La difficulté à parler de soi, le manque de vocabulaire, le désespoir. C’est toute une humanité qui se donne à voir, quand bien même elle tente de se cacher.
Mais revenons à cet homme au profil altier. Peu d’informations sur sa fiche, donc … et une seule phrase en anglais en guise de descriptif. C’est un peu court, non ? S’ajoute à cela son âge hors de mes critères et sa situation géographique qui est bien au-delà de ma zone de confort. Et pourtant j’ai cliqué, et pourtant j’ai liké. But why ? Je crois que ces quelques informations, distillées avec parcimonie ont aiguisées ma curiosité. Et comme je suis très curieuse, j’ai eu envie de savoir quel était l’homme qui se cachait derrière.
Le clou s’enfonce par contre lorsque je reçois son premier message : « Bonjour ».
Je ne sais pas ce que tu en penses, toi des « Bonjour » variante « Bonsoir ». Allant jusqu’au «Coucou» se transformant en « Cc ». Je sais que ce n’est pas facile de trouver une phrase d’accroche originale et sympathique mais que Diable un peu de panache !
Imagine la scène du rendez-vous : la femme (toi, moi) est installée, l’homme arrive, on ne voit que son visage, le reste de son corps est dissimulé par un grand drap, il porte des lunettes de soleil voire une casquette. Il s’assoit à la table, face à cette femme qu’il veut séduire et lui dit « Cc ».
Non, s’il te plait, ne fais pas ça ! Prends le temps de réfléchir avant d’envoyer un message. Pose-toi la question : « Est-ce que j’ai vraiment envie d’entrer en relation avec cette personne ? » Oui ? Ok, alors vas-y, implique-toi. Montre-lui que tu as lu sa fiche, vu ses photos et que c’est à elle, à lui et pas à quelqu’un d’autre que tu t’adresses. Oui parce que les copié-collé de message avec le mauvais prénom, ce n’est pas très vendeur non plus !
Je suis sur l’application au moment où je reçois ce « Bonjour » et je lui réponds du tac au tac. Je lui réponds que normalement je ne réponds pas à un profil aussi peu renseigné, avec une seule photo, une distance d’âge et de kilomètres aussi éloignée et avec comme prise de contact un simple Bonjour. A me lire je rigole. Je réponds que normalement je ne réponds pas. Mais là je réponds. Et oui, je suis la somme de mes contradictions !
A peine ai-je fini d’écrire que je reçois la suite de son message, qu’il était en fait en train d’écrire en même temps que moi. Tu l’auras compris, la patience n’est pas ma qualité première, même si la vie se charge bien de me la faire travailler.
Je rebondis. La discussion s’enclenche et elle me plait. Il sait écrire (critère important tu t’en doutes). Syntaxe et vocabulaire sont au rendez-vous. Subtilité et intelligence se devinent. Je n’ai pas envie de m’emballer sans en avoir vu davantage de son physique. Cela m’est arrivé une fois, de m’emballer, d’entamer une correspondance, de commencer à créer un lien, intellectuel et sensible avec un homme dont je n’avais pas (bien) vu le physique. L’envoi d’une photo, un soir, au milieu d’une conversation sonna le réveil, la fin du rêve, les spots qui s’allument d’un coup, la lumière crue qui révèle les visages et poussent les gens dehors.
L’expérience étant source d’apprentissage. Je demande à voir !
Nous passons donc sur WhatsApp et il m’envoie des photos. Bon, il se fait un peu prier tout en me disant qu’il comprend bien que j’ai envie de voir à quoi il ressemble. Je trouve cela à la fois charmant et un peu agaçant. Je lui explique que nous ne sommes pas de purs esprits et que si nous sommes incarnés c’est pour goûter la vie à travers nos corps. Il est donc important que nos corps nous plaisent, comme nos esprits et nos cœurs.
Les deux premières photos me laissent froide (et j’aurais ensuite la confirmation qu’elles ne lui ressemblent pas). Je suis sous le charme à la troisième. Il me plait. Son physique, son style, sa prestance. C’est bon, nous pouvons continuer à discuter !
Comment c’est pour toi ? Es-tu du genre à sortir toujours avec des grands bruns ténébreux ou bien uniquement des intellectuels à lunettes ? As-tu remarqué des similitudes dans le physique des hommes ou des femmes qui ont croisés ta route ? A une époque, sans que je ne m’en rende compte, je n’étais attirée que part des chauves. Ne me demande pas pourquoi. C’est mon amie Pauline, toujours fort perspicace, qui me l’a fait remarquer. Depuis, j’ai réintégré les hommes avec cheveux dans mon paysage. Ce qui élargi grandement le périmètre de recherche.
Nous continuons à discuter et arrivons assez rapidement à l’envie de nous rencontrer. Nos plannings respectifs font que nous pouvons nous voir dès le surlendemain au risque de devoir ensuite attendre deux semaines. Peut-être te dis-tu que c’est mon manque de patience qui me fait un peu précipiter les choses et que nous aurions pu attendre avant de nous voir, mettant ainsi à profit cette période pour faire plus ample connaissance par écrit ou au téléphone ?
Là, c’est autre chose. C’est au contraire corporaliser rapidement la rencontre pour ne pas rester dans l’imaginaire. Sinon, il risque de se passer la même chose que lorsqu’on lit un roman. On s’invente une représentation des personnages qui colle à nos goûts et envies.
Il y a alors deux risques lorsque la rencontre se fait en vrai. Le premier est d’être franchement déçu car la réalité n’est jamais telle que nous l’avions imaginée ou prévue. Et donc de couper court à l’histoire sans prendre même le temps de découvrir vraiment l’autre.
Soit au contraire de coller son imaginaire sur la personne et de se faire croire qu’elle est telle que nous l’avons rêvée, en se gardant bien de voir qu’elle ne l’est pas. La désillusion sera également au rendez-vous mais prendra surement plus de temps. Le mieux est donc d’opérer un rythme assez rapide entre la rencontre virtuelle et la rencontre dans la matière. Tout en respectant son propre rythme bien sûr, car pour certaines deux semaines c’est très long et pour d’autres c’est court !
Rendez-vous est donc pris pour déjeuner. Monsieur se déplace à Bordeaux. Il me laisse choisir le restaurant, qui, je le comprendrai plus tard, n’est ni dans ses habitudes, ni dans ses goûts. Ce n’est pourtant pas faute de le lui avoir demandé. Comment peut-on, à 60 ans, n’avoir jamais mangé avec des baguettes ?
Nous sommes vendredi matin. Le rendez-vous est à 12h30. J’ai bien sur choisis ma tenue avec soin. Me plaire et en me plaisant lui plaire. Nous devons nous retrouver devant l’Utopia (cinéma bien connu des Bordelais). Il fait un froid d’hiver et le soleil est au rendez-vous.
J’arrive. Je sais qu’il est là, il m’a envoyé un message. Il est assis avec son téléphone, je le reconnais à sa silhouette. Je m’approche jusqu’à lui. Il relève la tête et se lève pour me dire bonjour. Nos regards se croisent. Je suis cuite.
💛 🧡 ❤️
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Virginie