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Histoire #2 - épisode 1

Dernière mise à jour : 12 avr.

En dessous de ces yeux couleurs océan qui me captent de leur lumière intense, un sourire se dessine, aussi large et spontané que le mien. Je ressens nos énergies qui circulent, se mélangent et créent cette proximité immédiate. La rencontre se passe sur un plan invisible, inconscient, indomptable. L’espace de quelques secondes il n’y a plus que nous sur Terre. Je reprends mes esprits et lui montre les chaussures dans la vitrine.


Il part les chercher. Je profite de ces quelques instants pour prendre connaissance des lieux que j’ai à peine remarqués jusqu’alors. Un parquet blond, des fauteuils en cuir, quelques chaussures exposées sur des étagères murales et un grand miroir au cadre en bois posé contre le mur. J’essaye les chaussures. Il vient se mettre debout derrière moi et c’est lui que je regarde. Nos yeux se retrouvent, nos sourires fusent. Et à nouveau le décor qui disparaît. Nous rions. Je porte ce jean que j’aime beaucoup avec un trou sur la cuisse.

Si ma fille apprenait aujourd’hui que j’ai porté des jeans avec des trous alors que je lui ai « fortement conseillé » de ne pas en porter … j’entends déjà sa réaction « Mais Maman !!! »

Nous engageons la conversation. Il est libanais, à Boston pour faire ses études. C’est l’été alors il cumule différents jobs pour les financer. Nous avons le même âge. Nous venons de deux planètes différentes … et c’est peut-être là que se crée l’attirance. L’envie de faire connaissance, de découvrir nos différences, d’apprendre l’un de l’autre. Curiosité. J’ai écrit un texte sur la curiosité qui m’anime depuis toujours, si tu as envie de le lire, c’est ici.

Il me recentre sur les chaussures. Do you like it ? Oui je les aime. Enfin je n’en sais rien si je les aime. C’est toi que je regarde depuis tout à l’heure. Toi qui me captive. Tes yeux, ton sourire, le blond de tes cheveux et ta peau ombrée de soleil.

Virginie concentre-toi trois secondes sur ces chaussures. On les prend ? Allez, on les prend. Nous nous dirigeons vers la caisse située derrière un petit comptoir en bois. Il place les chaussures dans leur boite, la boite dans un sac. Je regarde ses mains. Je lève les yeux vers lui et à nouveau je plonge. Il me raccompagne à la porte du magasin et là, moi, jeune fille plutôt timide, je m’entends lui demander à quelle heure il termine sa journée. Est-ce l’effet de ses yeux ? La chaleur de cette journée d’été ? Que m’arrive t’il ?

Je le comprendrais bien plus tard, des années plus tard. Il se passe que je suis hors de chez moi. De mon milieu, de ma famille et de mes amis. Hors de mon pays et de ma langue. Je suis comme neuve. Neuve de tous référentiels, de tous conditionnements et croyances. Ici, maintenant, je peux faire ce que je veux. Pas des caprices, non. Je peux écouter ce qui parle en moi, suivre mes envies, mes élans, mon intuition. Je peux jouer à être une autre. Plus libre, plus spontanée. Plus proche de moi en réalité. As-tu déjà vécu cela pendant un voyage ? Parfois nous allons faire des milliers de kilomètres pour découvrir un pays, des personnes. Mais en fait c’est à notre rencontre que nous partons. C’est nous que nous trouvons, dans les dédales d’une ville ou sous les arbres d’une forêt tropicale. Ou dans les yeux d’un charmant vendeur de chaussures.

Bassel. C’est son prénom. Si mes sources sont bonnes, cela veut dire Souriant en arabe. Il porte bien son prénom cet homme. Du premier au dernier instant, il va me sourire. Son nom de famille forme avec son prénom une douce mélodie de quelques notes qui a trouvé sa place dans ma boite à madeleines (Proust dédicace !) et que j’ai plaisir à évoquer de temps en temps.

Il me répond donc dans un sourire en me donnant l’heure à laquelle il sera libre et me propose dans la foulée de boire un verre ensemble. Pétillements de joie intérieure. Et extérieure ! Je crois qu’à ce moment-là, j’ai l’impression d’avoir planté mon drapeau en haut de l’Everest. Il est tellement beau. Je t’avoue que cet homme fait partie de mon top 5 des plus beaux hommes de ma vie. Tu as un top 5 toi aussi ? A moins que tu aies la chance de vivre depuis toujours la plus belle histoire d’amour avec le plus bel homme de ta vie ? Si, ça existe, ne me regarde pas comme ça. J’en connais personnellement. Et j’adore. J’adore voir dans leurs yeux, cette étincelle qui s’est allumée le jour de leur rencontre et qui brille depuis du même éclat. C’est une chaleur dans mon cœur.

Nous fixons l’heure et le lieu où nous retrouver. Je te rappelle que nous sommes en 1992 et que les portables n’existent pas. Il s’agit de ne pas se louper. Et oui, jeune lectrice, lecteur, j’ai vécu jusqu’à l’âge de 29 ans sans téléphone portable. Cela ajoutait du piment aux rendez-vous. Si l’on ne se trouve pas, si l’autre ne vient pas, aucun moyen de se rattraper. Cela me rappelle une autre histoire. Cet homme à qui j’avais donné rendez-vous en lui écrivant une lettre. Lettre qu’il a lu un mois après le rendez-vous. Je l’ai attendu longtemps.

Bassel, lui, est bien au rendez-vous. Nous nous installons à la terrasse de ce café d’inspiration française. Une boisson fraîche pour calmer la température. Il m’explique que ce n’est pas une bonne chose que de boire froid lorsque le corps a chaud. Le choc thermique intérieur est trop important. Il a l’habitude des fortes chaleurs. Je l’écoute avec attention. J’ai gardé depuis le goût des boissons à température ambiante. Pour le moment, ce sont ses mots que je bois, ce sont ses yeux qui me désaltèrent. Cet homme est une poésie qui s’anime. Comme je suis heureuse à cet instant. Je voyage avec lui jusqu’à son pays, essaye d’imaginer quelle peut-être sa vie. Et puis je reviens à nous, penchés l’un vers l’autre au-dessus de cette table ronde en fer rouge qui me rappelle les terrasses parisiennes. Est-ce à ce moment-là qu’il prend ma main dans la sienne ?

💛 🧡 ❤️


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J'écris et offre mes histoires avec le coeur 😊

Virginie


Photo de Anna Urlapova

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