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Histoire #1 - épisode 2

Dernière mise à jour : 12 avr.

« Je suis cuite. »

Tu te souviens, c’est là que nous en sommes. Je viens de croiser le regard de cet homme avec qui j’ai rendez-vous et, je suis cuite. Comment ça cuite ? Et bien, en un regard, en une fraction de secondes, je sais que je suis attirée par cet homme et que mes sens peuvent me jouer des tours. J’ai beau avoir de l’expérience, de la maturité, du recul, la tête bien faite et toutes les décorations possibles sur mon épaule, quand il s’agit d’amour et des hommes, j’ai parfois l’impression de recommencer de zéro à chaque fois, telle la jeune fille naïve que j’étais, toute fraîche sortie de chez les bonnes sœurs. Oui Madame, j’ai fait TOUTE ma scolarité dans un établissement tenu par des religieuses. Quand je te dis que je reviens de loin, tu peux me croire sur parole.

La suite ? oui, j’y viens, la voici.


Je m’assois à ses côtés. Le soleil illumine la place et j’ai l’impression que mon trouble est visible de tous, à commencer de lui. Il me dit que je suis encore plus jolie en vrai que sur mes photos. Ce qui, ma foi, est une première phrase tout à fait agréable à entendre. C’est fou l’effet d’un premier rendez-vous lorsqu’il y a cette chimie qui s’installe aux premiers instants. Ces petites bulles qui pétillent à l’intérieur. Joyeuses, dynamiques, prêtes à la découverte. Le cœur qui s’accélère, une légère fébrilité. Tu vois très bien de quoi je veux parler j’en suis sure. De ce moment où l’on aimerait appuyer sur le bouton pause pour le savourer plus longtemps.


Quelques phrases assez banales nous mènent jusqu’au restaurant japonais où j’ai réservé une table. Je fréquente cet endroit depuis longtemps. J’aime la qualité de sa cuisine et l’épure de son cadre. Nous nous installons. J’ai du mal à le regarder, j’ai l’impression qu’il me devine. Il n’est pas évident de se retrouver à déjeuner face à un quasi parfait inconnu -même charmant- quand il y a un enjeu de séduction sur la table.

  • Il est beau...

  • Écoute-le au lieu de minauder !

  • Mais je l’écoute, je l’écoute ...

  • Non, tu entends ce qu’il te dit mais tu ne l’écoutes pas. Et tu ne veux surtout pas écouter parce que tu sais que tu n’es pas en accord avec ce qu’il dit.

  • Pff, ce que tu peux être rabat-joie, laisse-moi profiter de cet homme. Il est beau, attentionné, charmant, cultivé. Il me plait et je vois bien que c’est réciproque.

  • Très bien je te laisse tranquille. Nous en reparlerons dans quelque temps, quand la magie se sera un peu dissipée...

Tu viens d’avoir un aperçu de ce qui se passe très régulièrement dans ma tête. Cela ne prend pas la forme d’un dialogue comme celui-ci heureusement mais c'est tout comme.

Et ce qu’il est en train de se passer, c’est que j’entends et j’écoute mais je fais comme si de rien n'était, car ce que j’entends ne me plait pas. Pas du tout même. Et là, moi, à ce moment-là, j’ai envie d’une belle histoire. Cet homme a plein de qualités, je suis séduite pas son physique et son allure. J’ai envie d’y croire, alors je fais en sorte de trier et évacuer les informations qui pourraient venir casser mon rêve. Mais elles sont là les informations, bien réelles. Ces différences de points de vue, de valeurs, de rapport au monde.


C’est là que c’est difficile. Parce que d’un côté il y a la magie de la séduction qui opère et de l’autre côté, il y a ces sujets de conversation que nous avons abordés et qui ont éveillés une alarme dans mon esprit. Attention ! Sujet important de désaccord. Nous ne voyons pas le monde de la même façon.

S’il n’y avait l’attirance et tous les aspects qui me plaisent chez lui, easy ! Un café, l’addition, merci pour ce déjeuner, on verra pour une prochaine fois. Quelques heures après, un sms gentil pour dire que l’on n’est pas intéressée et chacun poursuit son chemin.


Mais là, ce n’est pas possible. Il y a trop de choses qui m'enchantent. Je ne veux pas donner de crédit à cette conversation. Alors je mets mon mouchoir par-dessus et je fais semblant de n’avoir rien entendu. Tu la vois, là, l’autruche dans l’âge de glace ?


J'ajoute un ps ici à toutes les personnes qui disparaissent entre deux rendez-vous ou entre deux sms (et crois moi, je sais de quoi je parle) : ne faites pas ça ! L'univers vous regarde et un jour où l'autre, il en aura assez de votre comportement ...


Le repas est délicieux. La séduction s’installe. Les regards se font plus insistants et le trouble voyage au-dessus de la table. Nous sortons et décidons de profiter du soleil pour marcher dans la ville. Tout est fluide et agréable. Cet homme pratique une galanterie à la fois désuète et séduisante. Nos corps se frôlent en marchand. Il est clair que la chimie opère. Le vent d’hiver se fait plus fort, nous nous réfugions dans un café. Assis côte à côte sur la banquette, nous apprivoisons la distance, les gestes, les regards. Il est assis face à la table et moi tournée vers lui.


Intéressant, ça, le langage corporel. Y as-tu déjà fait attention ? Je m’en fais la remarque sur le moment. Il est posé et ne bouge pas, son corps ne bouge pas. Seule sa tête se tourne vers moi pour me regarder. De mon côté, c’est tout mon corps que je tourne vers lui. Ça en dit long sur chacun et sur la façon d’être dans la relation. Je me tourne vers lui spontanément ce qui montre mon intérêt, mon envie de faire connaissance. Je suis dans une dynamique d’aller vers lui. Lui reste face à la table, posé, avec peu de mouvements. Ce n’est pas forcément du désintérêt. Cela peut-être une forme de protection. Ne pas se montrer trop vulnérable. Cela peut-être aussi une sorte de position d’attente. Attente de voir ce que cela va donner. Attente que ce soit moi qui vienne vers lui. Avec le recul, cette scène de la banquette est très représentative de nos deux personnalités.


Les minutes s’additionnent et nous ne voyons pas le temps passer. Il me demande si je suis libre pour dîner. Il est assez évident que nous n’avons pas envie de nous séparer. Je te rappelle qu’il habite loin et que je ne sais quand nous pourrons à nouveau nous voir.

Ça y est, tu m’as démasquée, prise en flagrant délit de fabrication d’excuses. Je sais très bien que même s’il avait habité à deux pas de chez moi, je n’aurais pas eu plus envie de le quitter à ce moment-là !


Nous étions rentrés dans ce café pour nous réchauffer, je suis gelée. Un courant d’air froid que je n’ai pas senti sur le moment m’a littéralement glacée. Je m’étais habillée pour le déjeuner, au plus chaud de cette belle journée d’hiver. Ma tenue n’est pas adaptée pour la soirée. Il est trop tôt pour diner, il fait trop froid pour se balader.

Tu vois arriver la suite ? Moi, elle m’a un peu prise de court …



Nota bene pour la lectrice qui m'a posé la question (elle se reconnaîtra 😉) : il a demandé une fourchette à la place des baguettes ...

💛 🧡 ❤️


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J'écris et offre mes histoires avec le coeur 😊

Virginie


Photo de Shvets Anna provenant de Pexels

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